Les facettes de la formation à distance



Thème 4 : Plateformes d'e-formation


LMS

Les LMS (Learning Management System) désignent des intégrateurs d'outils logiciels pour la gestion d'un dispositif de formation à distance et plus exactement sur Internet. En français ces outils sont appelés plateformes d'e-formation (ou de télé-enseignement). Une plateforme d'e-formation peut être très complète et très  complexe comme le montre le modèle de plateforme de ADL (Advance Distributed Learning) :

Sans vouloir trop s'attarder sur ce schéma quelque peu rebutant, on peut cependant constater que la plateforme va chercher des contenus dans un réservoir extérieur de contenus au standard SCORM ce qui permet de les déployer en local dans un réservoir d'exploitation. La plateforme est présentée ici comme un ensemble de services, ce qui est dans la tendance SaaS (Software-as-a-Service) du moment : l'utilisateur appelle les services dont il a besoin. Parmi les services présentés dans le schéma ci-dessus, on peut noter le service de gestion des cours, de gestion des apprenants (avec profils), de scénarios pédagogiques et de leur séquencement dans le temps, de traçabilité des actions des apprenants, de diffusion de contenus. Le modèle de ADL est très orienté vers une offre personnalisée de formation à distance : suivant le profil de l'apprenant, la plateforme choisit le parcours/scénario pédagogique approprié et diffuse les contenus correspondants que l'apprenant utilise via un navigateur Web ; les contenus peuvent comporter des travaux en ligne dont les résultats, saisis par l'apprenant, sont enregistrés dans la plateforme via une interface spécifique.

Cette courte description donne déjà une idée des fonctionnalités d'une plateforme d'e-formation. Nous y reviendrons en complétant dans ce qui suit. Simplifions en désignant par plateforme d'e-formation un outil logiciel dont les principales fonctionnalités sont la gestion des ressources numériques, la gestion des apprenants, la gestion des formateurs, et un ensemble d'outils de communication et de collaboration

Il existe un très grand nombre de plateformes d'e-formation proposées en libre/gratuit ou commercialisées. On trouvera un panorama des principales plateformes dans Thot Cursus. Le choix d'une plateforme d'e-formation doit se faire en fonction de ses besoins. Certes, dans un contexte universitaire, les besoins sont très variés. Il faudra les recenser et les comparer aux fonctionnalités des plateformes du marché. On se limitera dans la suite aux classes suivantes de fonctionnalités : la gestion des contenus et la gestion du tutorat et du suivi des apprenants, les fonctionnalités annexes.


Gestion des contenus

Rares sont les dispositifs de formation à distance qui ne proposent pas de contenus numériques (mais cela existe). Une des fonctionnalités principales d'une plateforme de e-formation est donc la gestion des contenus numériques. Cette gestion suppose que le contenu respecte certaines règles de base :

La plateforme doit assurer que l'utilisateur peut atteindre une séquence particulière, et, d'une manière générale, naviguer confortablement entre les modules, chapitres, séquences, ...en utilisant sur son poste client (PC ou Mac) un navigateur courant.

Les gestionnaires (enseignants ou administrateurs de la plateforme) de la formation doivent pouvoir effectuer à distance les opérations suivantes (suivant les droits qui leur sont affectés) :

Lorsqu'une mise à jour intervient (ajout, modification, suppression) sur les contenus, elle doit être notifiée aux utilisateurs. Ceci peut être fait de plusieurs manières. Par exemple chaque apprenant, dès son identification sur la plateforme, peut obtenir la liste des modifications ayant eu lieu depuis sa dernière connexion. Pour les gestionnaires, la liste des mises à jour doit pouvoir être obtenue par date et par module.

Enfin, l'importation de paquetages SCORM doit être prévue (et peut-être aussi l'exportation) pour éviter des manipulations fastidieuses d'implémentation de contenus "à la main".


Gestion du tutorat et du suivi des apprenants

La plate-forme "idéale" doit comporter les fonctionnalités ou constituants suivants :


Fonctionnalités annexes

Le mot annexe n'est pas à prendre au sens des fonctionnalités peu utiles. Lorsque l'on propose une formation à distance, les dimensions administratives, logistiques, évaluatrices doivent aussi être prise en compte et la plateforme d'e-formation doit pouvoir si possible les intégrer :

Pour terminer avec les plateformes d'e-formation, on peut se demander, à ce stade de l'énumération des fonctionnalités qui paraissent nombreuses, quelle est aujourd'hui  la meilleure plateforme ? Cette question est évidemment mal formulée ainsi sans autre précision. En effet, ce n'est pas la plateforme qui importe mais le dispositif de formation qui l'utilise. La plateforme n'est qu'un outil. La question est donc à déplacer vers "Quel est le meilleur dispositif de formation à distance ?". Sur le site "comment ça marche", 5 critères sont proposés :

On laissera le lecteur méditer sur ces propositions.


CMS

Pour des besoins spécifiques comme la simple diffusion de documents pédagogiques, il est possible de construire sa propre plateforme d'e-formation en utilisant des CMS (Content Management System). Il s'agit de "kits" paramétrables selon ses besoins. Pour les applications pédagogiques, ils sont appelés LCMS (Learning Content Management Systems).
Ces CMS présentent, non seulement la fonctionnalité de diffusion, mais aussi des fonctionnalités de publication, de partage de documents, de structuration des contenus, de gestion de versions sans oublier la possibilité de FAQ de blogs ou de forums.
SPIP, Joomla!, WordPress, Drupal sont des produits courants.


Web 2.0 et réseaux sociaux

Le terme Web 2.0 n'a pas de définition précise. Ce n'est pas une technologie mais un usage de la technologie visant à développer l'interactivité et la communication.
Le Web 2.0 pourrait être défini par "Data is the next Intel inside" (O'Reilly 2005, What is Web 2.0 ?) qui met au second plan les produits "imposés" par l'industrie du numérique et au premier plan les contributions des usagers qui, de consommateurs, deviennent producteurs.
Les usages du Web 2.0 sont divers : Blogs, Wikis, agrégation et syndication de contenus et canaux RSS, annotations et signets et surtout réseaux sociaux. Ces derniers se sont considérablement développés depuis le début du siècle au point de faire partie intégrante aujourd'hui de l'univers de la communication Web.
La dimension "socialisation" que les détracteurs de la formation à distance considèrent comme absente est au contraire plus que présente et il n'est pas difficile de convaincre devant l'essor des réseaux comme Facebook, Youtube, Twitter, Google Plus, Linked In, Pinterest, etc.(1,5 milliards d'utilisateurs au plan mondial soit 20% de la population mondiale !, 32 millions en France, source : Amenothes Conception). On comprendrait mal que le secteur éducatif ne prenne pas au sérieux cette situation. Les dispositifs de formation sont principalement "formels", axés au départ sur la transmission des savoirs du maître vers l'élève. Toutefois, il est aujourd'hui admis que la formation doit comporter un volet "informel" ce que justement propose les réseaux sociaux avec les concepts de communautés d'intérêt et de constructivisme (voire de "connectivisme" ou de "Networking"). Le partage d'idées, de points de vue, d'expériences entre pairs doivent effectivement pouvoir exister sur Internet. On rencontre aujourd'hui ces préoccupations dans les MOOC (Massive Open Online Courses) qui laissent une place importante aux débats entre élèves.
Un réseau social peut d'ailleurs très bien s'intégrer à une plateforme d'e-formation (c'est notamment le cas de Moodle).
L'utilisation des réseaux sociaux, dans un but pédagogique est encore peu répandu dans les milieux universitaires. Citons cependant le cas de l'Université Paris Descartes pour la formation en médecine utilisant le produit Elgg.


Références bibliographiques et webographiques