Les facettes de la formation à distance



Thème 8 : La formation à distance à l'international


Particularités ?

Le caractère délocalisé de la formation à distance favorise l'ouverture à l'international. Et permet à des étudiants étrangers sans quitter leur pays d'obtenir des diplômes et des certifications français. Elle évite le déplacement d'étudiants vers les universités situés sur le territoire français ce qui représente pour les étudiants concernés des coûts importants et pour les services universitaires des problèmes d'accueil et d'hébergement qui ont aussi leur coût. Bien sûr, la formation en présence est toujours possibles sur place et un certain nombre d'universités ont ouvert en pays étrangers des "antennes". Toutefois, il apparait que l'intervention d'enseignants français à l'étranger est souvent indispensable et qu'elle engendre des frais de missions à prendre sérieusement en considération. Ces deux solutions, l'envoi d'étudiants étrangers en France ou l'envoi d'enseignants à l'étranger, en dehors des coûts qu'elles engendrent, ont un défaut majeur pour ce qui concerne les pays défavorisés : elles ne favorisent pas vraiment une coopération visant le développement de l'enseignement supérieur local, notamment la formation d'enseignants.

Tout n'est pas pour autant facile dans la mise en place de dispositifs à distance accessibles à l'étranger. Il faut, en effet faire face à une série de problèmes dont certains n'ont pas encore de solutions :

Par ailleurs, l'enseignement à distance, aujourd'hui, est principalement sur Internet. Il faut donc pour l'étudiant étranger l'accès à un ordinateur connecté sur Internet. Dans le monde de la francophonie, les étudiants sont principalement en Afrique qui, sur le plan de l'accès à Internet, n'est pas le continent le plus favorisé. Il en est de même de l'accès aux centres de documentation et aux bibliothèques dont certaines formations font un large usage (toutes les ressources documentaires ne sont pas numérisées et accessibles en ligne).

Enfin, deux autres problèmes d'ajoutent à cette liste déjà longue de problèmes à résoudre :

Dans ce qui suit, nous passons en revue certains de problèmes précédents en indiquant les solutions actuellement pratiquées


Le recrutement

Il peut être assez difficile de faire connaître sa formation lorsque l'on vise un public international, l'utilisation d'une organisation ayant déjà une place reconnue dans le domaine permet de toucher rapidement un nombre important de candidats. Ainsi, dans le cas d’une expérience se limitant aux pays francophones, une coopération avec un centre membre de l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) vous permettra de toucher de nombreux candidats en profitant de la communication de l'AUF.
L'AUF a, en effet,  développé depuis plusieurs années un programme important de coopération avec les universités francophones pour proposer des formations diplômantes dans de nombreux pays "du Sud".

L’inscription des étudiants étrangers à distance pose également son lot de problèmes :

Pour étaler dans le temps la résolution des problèmes énoncés ci-dessus, il est important de fournir aux candidats une plateforme leur permettant de candidater à tout moment dans l’année. Pour la même raison, il est également important de traiter régulièrement les dossiers complets, tous les mois par exemple.
Il faut s’attendre à ce que le nombre de candidats commençant effectivement la formation soit bien inférieur au nombre de candidats acceptés. En effet, le plan de financement de leur formation est assez souvent optimiste et une fois leur candidature acceptée, il se révèle plus compliqué à mettre en place qu’ils ne l'avaient prévu.


Le coût de la formation

Le problème du coût de la formation concerne surtout les "pays du Sud". Dans le cadre d'une formation internationale, il est important, pour une simple exigence d'égalité des chances, d'avoir un prix de formation adapté au pouvoir d'achat du pays visé.


Une première solution est de proposer des prix de formation plus bas pour les pays défavorisés (ce que demande l'AUF). Toutefois, si l'étudiant étranger est tutoré par des enseignants français, il est difficile de trouver l'équilibre financier entre le coût français et le prix étranger. En fait cette solution limite le nombre de places disponibles si l'on veut conserver un équilibre budgétaire.


Une seconde solution, qui paraît meilleure mais nécessite une bonne organisation est de créer localement, par convention avec des institutions étrangères d'enseignement supérieur, des centres associés comprenant une équipe pédagogique locale sur laquelle on peut s'appuyer pour réaliser le tutorat des étudiants locaux et mettre en place un centre d'examen. Cette approche permet d'adapter le coût de la formation puisqu'elle est en partie assurée par des enseignants rémunérés aux tarifs locaux. Cette approche nécessite de bien choisir l’Université ou l’école avec laquelle on s’engage sur un tel projet. Il faut en effet s’assurer que l’établissement sera en mesure de disposer des ressources logistiques et pédagogiques nécessaires au bon fonctionnement de la formation lors de son démarrage. Celui-ci nécessite un investissement dans la formation des formateurs locaux aux méthodes et techniques de l'enseignement à distance, préalable indispensable pour garantir la qualité des prestations d'accompagnement. Il convient de noter que cette approche utilise une des compétences premières de l’Université́, à savoir former des formateurs, et elle contribue à mieux faire connaître l'ingénierie de l'enseignement à distance.


(source e-Miage)

L'inscription directe des étudiants localisés à l'étranger pose souvent des problèmes liés au mode de paiement. Il est donc nécessaire de trouver un mode de paiement utilisable par le candidat et qui soit toléré par les services administratifs de votre établissement. Dans les faits, le virement bancaire reste quasiment la seule option.


Les examens

Il est important de garder la maîtrise des examens, de s'assurer qu'ils seront identiques partout et auront lieu en même temps dans l'ensemble du dispositif indépendamment de la situation géographique de l'apprenant. Un gros travail de synchronisation doit donc avoir lieu pour déterminer à quelle heure effectuer les examens pour l'ensemble des étudiants, sans oublier les diverses particularités locales : vacances, fêtes, jours fériés... Dans le cas d'examens ayant lieu aux antipodes, il devient impossible de trouver une heure d'examen commune à tous, une solution consiste alors à créer deux sujets d'examen, et à tirer au sort pour déterminer quel sujet sera affecté à chaque hémisphère. De plus, contrairement aux examens « classiques » pour lesquels l'ensemble de la promotion d'étudiants se déplace jusqu'au lieu unique de l'examen, dans le cadre de l'EAD, il sera nécessaire de mettre en place de nombreux centres d'examens pour parfois juste un ou deux étudiants.
L’organisation des examens à l'échelon international nécessite de trouver des centres d'examens partout où des candidats sont susceptibles de se présenter. Pour cela, il est possible de faire appel aux ambassades qui peuvent accepter d'organiser les examens ou qui seront en mesure de solliciter les lycées français pour le faire. Si une solution de type « centre associé » a été adoptée, ces centres peuvent apporter une aide précieuse dans l'organisation des examens en fournissant des locaux et une équipe pédagogique connaissant bien la formation. Dans les cas limités à la francophonie, il sera possible de s'appuyer sur les centres dépendant de l'Agence Universitaire de la Francophonie. Toutefois, ce service sera payant pour les étudiants ne dépendant pas de l'AUF (c'est-à-dire ne s'étant pas inscrits à un diplôme français via l'AUF).

La diffusion des sujets et copies vierges, la récupération des copies et la diffusion de celles-ci aux différents correcteurs alourdissent considérablement le système. En effet, durant cette période l'ensemble du dispositif est totalement tributaire des délais liés aux envois postaux, sans oublier les risques de pertes aux conséquences très fâcheuses. Une précaution à prendre est de numériser les copies avant envoi. L'utilisation de copies électroniques peut simplifier la procédure, il faut toutefois s'assurer que l'établissement français autorise leur utilisation et que la procédure choisie continue de garantir l'anonymat des copies. Actuellement, l'AUF utilise quasi exclusivement des copies numériques. On peut envisager de généraliser le processus par des examens systématiquement en ligne (dans un centre agréé). Cependant il ne faut pas oublier les incidents techniques comme une coupure de réseau (ou une simple coupure d'électricité) qui remettraient en question l'examen avec des conséquences facile sà imaginer.
Nous nous référons ici à des examens traditionnels (écrits en salle), mais il existe d'autres formes d'examens comme la confection de dossiers, les études de cas, les projets de conception ou de développement, … Bien entendu, dans ce cas, il faut s'assurer que c'est bien l'étudiant inscrit qui a fait le travail et un oral ou une soutenance de contrôle sont alors nécessaires. Elle peut s'effectuer par visioconférence, voire simplement avec une correspondance téléphonique, l'étudiant étranger se rendant dans un centre agréé où son identité est contrôlée.
A l’international, le coût de l’organisation des examens peut donc rapidement devenir très important et également nécessiter d’importantes ressources en personnel, il est donc important de ne pas négliger ce point lors du montage d'un projet d'ouverture à l'international d'une formation à distance.


Vers une politique de développement durable de la FOAD

Malgré les nombreux problèmes cités précédemment, il est évident que la FOAD est un des meilleurs moyens pour participer à l'essor des pays défavorisés ou pauvres en donnant à des effectifs notables d'étudiants étrangers la possibilité de faire des études supérieures.
Cependant, des investissements sont à consentir si on veut aider ces pays à développer leur enseignement supérieur.

La langue d'apprentissage est, pour les universités françaises, le français très majoritairement. Il faut développer le multilinguisme en formation et c'est peut-être plus facile avec la formation à distance qu'avec la formation à distance car dans de nombreuses formations, c''est l'écrit qui prédomine (ressources en lignes, correspondance, par mail, par forum entre étudiants et tuteurs). IL est d'ailleurs toujours possible de passer des conventions avec des universités étrangères pour traduire dans une langue locale, ou au moins dans une langue "accessible", les contenus numériques de formation qui sont proposés en ligne ; dans le même ordre d'idée, on peut aussi s'attacher les services d'un étudiant bilingue ayant suivi la formation. L'offre locale de formation .en sera alors  largement étoffée.

Un autre chantier à défricher est celui de la reconnaissance de la formation à distance dans certains pays (voire même la reconnaissance d'un diplôme français). Généralement ce problème concerne le secteur public de ces pays (avec les entreprises, c'est plus facile). Il s'agit ici d'investissement diplomatique qui concerne les représentations françaises à l'étranger (ambassades). Un relais est indispensable pour que la FOAD soit reconnue comme une valeur de développement au même titre que les investissements économiques ou militaires.
Le concept de centre associé, évoqué plusieurs fois dans ce qui précède, correspond à une démarche que l'on peut qualifier de développement durable pour les pays défavorisés. En effet, il porte principalement sur l'emploi des ressources pédagogiques locales : les ressources en ligne sont fournies au départ, mais l'accompagnement des étudiants est confié à une équipe pédagogique locale qui aura préalablement été formée par leurs homologues français. Les tuteurs français et étrangers peuvent constituer un réseau actif et productif (amélioration des contenus en  ligne, proposition d'exercices, d'activités, etc.) permettant aussi l'accroissement des compétences pédagogiques, voire disciplinaires des intervenants étrangers.


Formation de tuteurs à Port au Prince (Haïti)


Les enseignants locaux ne sont plus absents ou "clients" mais sont acteurs à part entière du dispositif de formation. C'est donc vers une formation-action de formateurs que le concept de centre associé contient dans l'optique d'une contribution à la modernisation de l'enseignement supérieur local et donc dans une démarche de développement durable.


Références bibliographiques et webographiques